Centres-bourgs - Programme de revitalisation

Économie de l’aménagement Implantation des entreprises

publié le 2 mars 2018


Le débat sur l’artificialisation et la fragmentation des espaces agricoles et naturels porte communément sur le rôle joué par le développement résidentiel. Néanmoins, la part imputable au développement des activités économiques (tertiaire, artisanat, industrie) ne doit pas être oubliée.

En France métropolitaine, entre 2000 et 2006, les sols ont été artificialisés principalement sous forme de tissu urbain discontinu (+1,6% soit + 33 500 ha) et de zones industrielles et commerciales (+ 6,8 % soit + 23 200 ha). En 2008, les Pays de la Loire occupaient le 6e rang des régions métropolitaines les plus artificialisées, à cause de la croissance démographique et économique. La transformation des zones naturelles ou agricoles en zones artificielles atteint 12 %, contre une moyenne nationale de 10 %. En Pays de Loire, entre 1995 et 2003, l’habitat demeure la première destination du changement d’usage des sols (66% de l’artificialisation des sols en Pays de Loire1) devant les infrastructures (14%) et les activités économiques (13%). La part relative très importante de l’habitat, au détriment notamment de celle relative aux activités, s’explique en grande partie par le développement à dominante résidentielle le long du littoral sur la métropole nantaise. L’artificialisation des sols due aux activités économiques (directement ou indirectement via les besoins en infrastructures nouvelles ou le rôle de catalyseur de la péri-urbanisation résidentielle) ne doit donc pas être négligé.

Outre la problématique de l’artificialisation des sols, la localisation des entreprises affecte indubitablement les dynamiques territoriales et les structures urbaines. Elle reste un puissant générateur de flux de personnes et de biens, elle influe directement ou indirectement sur la démographie ou le marché immobilier et elle a un impact fiscal significatif pour les collectivités, malgré la réforme de la taxe professionnelle. Réciproquement, l’implantation d’une entreprise est également un élément essentiel de son succès. Elle conditionne en partie son réseau et ses interactions avec ses fournisseurs, clients et salariés. La localisation des entreprises est ainsi aujourd’hui un choix crucial aussi bien du point de vue économique que de l’aménagement du territoire.

Si, à l’échelle territoriale, les agglomérations restent le lieu privilégié de localisation de l’emploi, on observe, au sein de celles-ci, un affaiblissement des villes-centres au profit des communes de banlieue ou de l’espace périurbain. Ce mouvement de desserrement des activités économiques peut s’expliquer à la fois par une évolution du besoin de certaines entreprises en termes d’accessibilité routière ou de surface par exemple. Il est également le résultat d’une pression foncière toujours plus grande sur les implantations historiques. Ce mouvement de desserrement s’observe également à l’échelle des villes moyennes et des bourgs avec pour conséquence de créer une polarité concurrente du centre historique. Cette polarité économique peut alors attirer jusqu’aux commerces de proximité et ainsi engendrer une dévitalisation du centre-bourg ou centre-ville.

L’artificialisation des sols due aux activités économiques (directement ou indirectement via les besoins en infrastructures nouvelles ou le rôle de catalyseur de la péri-urbanisation résidentielle) et les effets socio-économiques induits par leurs localisations, justifient donc de porter une attention particulière aux conditions et à leurs choix d’implantation. Il ne s’agit pas ici d’aborder la problématique, bien que cruciale et sensible, de l’implantation à l’échelle territoriale des entreprises mais celle de leur localisation à l’échelle urbaine qui répond à des facteurs spécifiques au milieu urbain qui justifie une analyse dédiée. Il est cependant évident qu’une politique de dynamisation économique devra coordonner les deux échelles pour être efficace. Une concurrence trop exacerbée entre des collectivités d’un même bassin de vie pour l’accueil des entreprises influerait négativement sur leurs capacités à orienter les choix de localisation des entreprises à l’échelle intra-urbain.